– Overlanding for Conservation –
Un des grands moments de ma descente dans le Sud le long de la Ruta 40 sera le passage entre San Martin de Los Andes et Villa Angostura, plus communément appelé la « Route des 7 Lacs ». Cette région dispose de bien plus de lacs que son nom ne l’indique mais la route principale ne permet pas de tous les observer.
Avant de débuter cette route de renommée, je m’arrête à Junin de Los Andes. Notamment pour acheter un nouveau support pour mon téléphone (le premier ayant littéralement pris son envol pour Mars alors que j’étais entrain de rouler) ainsi qu’une nouvelle sortie 12V USB pour recharger mes caméras. J’en profite pour passer du temps avec le propriétaire du magasin de moto local avec qui je viens de travailler sur la moto. Très vite, cet échange mécanique se transforme en apéro surprise autour d’une bouteille de Fernet. Un alcool qui ressemble beaucoup au Jägermeister. Sans surprise, nous laissons Baloo de côté pour nous concentrer sur notre nouveau passe-temps. La nuit tombée, ce gentil jeune homme rentrera chez lui me laissant seul avec mon cerveau tordu remettre Baloo en état. Sympa les Argentins…
Le lendemain, j’emmène ce qui me reste de cervelle pour explorer la Route des 7 lacs. Elle ne fait que 110 km de long (environ 2 heures sans les pauses pour observer le paysage). C’est un de mes « highlights » donc hors de question de ne passer qu’une demi-journée ici ! J’ai tout le temps du monde et je compte bien en profiter. L’axe principal est très touristique. Vu son incroyable beauté, je n’en attendais pas moins. Mais arrivé à un certain point, trop de tourisme tue le tourisme. Un cousin motard rencontré sur un point de vue splendide me confirme qu’il existe des pistes superbes perpendiculaires à notre position. Bonne nouvelle, voici mon échappatoire. Allez hop, je fais quelques courses (juste les immanquables : vin et gros bout de viande) et me voilà sorti du flux de bus et autres voitures de tourisme en direction des trésors cachés de cette route. Je suis la piste 65 puis la 63 pour effectuer une boucle dans le parc. Je le conseille à quiconque se baladerait dans les environs !
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, le programme du soir sera : camping sauvage / rivière / feu de bois. Avec en bonus, une bonne bouteille de Malbec de Mendoza et un bon 350 gr de barbac qui cuira doucement au-dessus des flammes pendant une heure. Servi avec son riz aux légumes sauce béchamel, je vous raconte pas le délice ! La nuit tombée, je pense à ma vie, mon aventure, mes choix. Depuis 2012, je suis sur les routes des quatre coins du globe avec seulement quelques petits retours en France. Il est parfois dur d’expliquer aux gens que je rencontre que ceci est ma vie et non une « pause » dans mon quotidien en France. Non, je ne dispose pas d’une maison ou d’un appartement qui m’attend en métropole. Non je n’ai pas la sécurité de retrouver un travail à mon éventuel retour. Mais bordel qu’est ce que je suis libre ! Je suis très fier de ce que j’ai accompli ces 7 dernières années et j’ai encore plein d’idées cachées dans un coin de ma caboche.
Une fois rassiabourré (rassasié / bourré), mes doigts deviennent incontrôlables sur ma petite guitare achetée au Brésil. L’avantage du camping sauvage est qu’il n’y a pas de voisins. Tant mieux pour moi mais surtout pour eux !
Le reste de ma visite dans ce parc sera tout aussi festif et féérique. Les lacs sont tous d’une beauté à faire craquer Geneviève de Fontenay, et la météo est une nouvelle fois de mon côté. Cette journée se terminera dans une ville bien connue des voyageurs et touristes de Patagonie : San Carlos de Bariloche.
Comme une maquette de la Suisse, on y retrouve chocolat et chalets en bois. Quelques jours de repos dans cette ville au passé sombre mais à l’avenir brillant. Après la deuxième guerre mondiale, ce fût un refuge pour de nombreux nazis. Peu de vestiges de cette époque pour cette ville idéalement placée au pied d’un lac parsemé de nombreuses îles au milieu de montagnes forestières à ne pas manquer.
A seulement 2 heures de route, se trouve la petite ville de El Bolson : reconnue pour son ambiance hippie, son marché spécialisé dans les artefacts faits main, ses glaces artisanales et bien évidemment ses bières locales. J’atterrirai dans ce que je peux considérer comme la plus belle auberge de jeunesse dans laquelle j’ai séjourné. La Casona de Odile est un lieu de relaxation ultime : cours de Yoga deux fois par jour, massages, jardin donnant sur une rivière et ses hamacs idéalement situés entre boulots et eucalyptus. Par principe, je les essaierai tous. Je resterai deux semaines complètes dans ce havre de paix à explorer à pied les environs et fournir mon aide en tant que volontaire pour m’occuper du jardin en échange du logement et nourriture.
La porte d’entrée donne sur un salon tout en bois avec de nombreuses tables et un coin « lounge » propice à la lecture et au repos. Les poutres apparentes garnies de branches de lavande se marient parfaitement avec les bibliothèques remplies de récits d’aventures et d’encyclopédies aussi vieilles que l’étagère qui les maintient hors du sol. Le bar / restaurant est tout aussi charmant : tout en bois et en pierre, il y règne une atmosphère toute particulière. J’aurai d’ailleurs un coup de cœur pour ce vieux pot à thé qui, grâce à un système ingénieux de poulie, permet à la porte d’entrée de se refermer en douceur sans claquer.
Sur place, je ferai la rencontre marquante de deux Françaises (Chloé et Déborah) sourdes qui voyagent en auto-stop sur tout le continent. Elles disposent d’une capacité à lire sur les lèvres à faire rougir les plus grands agents secrets du FBI. Cela fait 4 ans que je me donne comme bonne résolution d’apprendre la langue des signes (et non « langage » comme me le souligne régulièrement Déborah). Enfin l’opportunité est à mes pieds et je vais saisir ma chance d’en apprendre plus sur le monde des sourds. Comme une éponge, j’absorbe chacune de leurs informations et mes progrès en signes sont notables de jour en jour. Je suis admiratif devant ces deux jeunes femmes courageuses d’entreprendre un tel voyage et suis même jaloux de leur force d’esprit.
Ensemble nous partirons deux jours en tente à la découverte du Rio Azul et de ses environs. Une randonnée compliquée, très physique mais pleine de charme. Notamment avec la traversée d’une cavité créée dans la neige par un ruisseau alimenté par la fonte des neiges. Niveau sécurité, on repassera mais le fun est au rendez-vous ! Vivement la prochaine aventure !
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Je ne manque aucun de vos récits depuis le début se cette aventure, alors un petit merci pour tout ce que vous nous faites vivre me parait le minimum. Et puis vous souhaiter aussi une trés bonne continuation
Alain
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Bonjour Alain. Un grand merci pour ce commentaire qui me réchauffe le coeur étant actuellement dans le froid du Sud de la Patagonie ! Avez vous également eu l’occasion de voir les différentes vidéos?
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