La Carretera Austral – Part 1

Je me suis fait totalement happer par cette région du Sud du Chili. Bouche bée à chaque seconde, à chaque kilomètre, à chaque tour de roue. Au point de ne même plus pouvoir mettre à jour mon carnet de voyage tant la Carretera Austral m’a démuni d’adjectifs assez puissants pour la décrire. Et pourtant il s’en est passé des choses.

C’est, sans aucun doute, l’étendue de terre la plus incroyable que j’ai visitée. Je me suis même régulièrement retrouvé à m’imaginer m’installer ici, à me renseigner auprès des locaux sur la vie, le climat, l’histoire et les traditions. Une région où les paysages me parlent et me touchent au plus profond de moi. Des forêts verdoyantes qui couvrent les bases des montagnes aux sommets sauvages dominés par de nombreux glaciers ; le tout situé au cœur d’un labyrinthe de lacs et rivières à l’eau pure, fraîche et aux couleurs venues d’une autre planète. Elles varient du bleu turquoise au vert selon leur chargement en minéraux.

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Tout débuta après ma grande traversée de plus de 40 h en ferry au départ de Puerto Natales en direction de Puerto Yungay. De là, seul un nouveau ferry et quelques heures de pistes féériques me mènent à l’extrême Sud de la route à Villa O’Higgins. Un panneau annonce la fin (ou, dans mon cas, le début) de cette route mythique sur la bucket liste de tout bon motard avide de nature et d’aventures. L’info tombe : 1 247. Comme le nombre de kilomètres que je vais suivre sur cette route en direction du Nord.

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Je passerai ma première nuit au bord d’une rivière de galets avec une vue imprenable sur un glacier qui semble observer mon campement. Au départ, la météo n’est pas de mon côté mais cela donne un charme tout particulier à cette contrée. La Patagonie chilienne a beau porter le même nom que sa voisine en Argentine, un seul point commun les unit. Chacune située d’un côté des Andes, l’une est définie par les grandes plaines arides aux vents capricieux, l’autre (au Chili) est, quant à elle, située au cœur d’un climat humide où la végétation est luxuriante et d’un vert éblouissant.

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Ici, les journées sont marquées par un enchaînement de « Wow », « Bim » et « Bouya ». Les mots me perdent et je me laisse, moi aussi, dériver au grès des envies de la Carretera. Car oui, c’est bien elle qui me domine et c’est peut-être même ce qui m’a le plus frappé durant ces quelques semaines. Mon inaptitude à résister au charme et à être toujours aussi surpris à chaque virage ou à chaque piste annexe. Le ripio est très bon. On peut rouler vite sans grosses frayeurs. Ca monte, tourne, descend, tourne à nouveau, traverse des petits villages au milieu des fermes de chevaux, moutons et vaches.

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J’assisterai même à une fête culturelle dans un de ces villages. De nombreux stands remplissent les ventres affamés des spectateurs de leurs brochettes, empanadas et autres bières locales tandis que l’asado central cuit lentement cette viande si tendre et typique de l’Argentine et du Chili. Mais le cœur de cette fête réside dans le spectacle des gauchos qui montent des chevaux sauvages à la manière d’un rodéo. J’avoue ne pas être un grand supporter de ces pratiques mais, voyager, c’est aussi respecter les us et coutumes des pays que l’on explore.

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La « route » est régulièrement interrompue par des rivières qu’il faut traverser en barque. Cela permet d’effectuer des pauses bien méritées car malgré la beauté, rouler ici est très physique. J’aurai un coup de cœur tout particulier pour cette petite barque d’une capacité max de 2 voitures qui se maintient hors du courant et sur sa trajectoire grâce à un système de poulies raccordé à un câble qui est accroché sur le bord des rives. C’est d’ailleurs après une énième traversée sur l’eau que je vais me retrouver sur ce petit bout de terre à 100 km à l’Ouest de la RN7.

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Une plage sauvage comme j’aime. Encore une fois, je suis incapable de résister et me lance à son assaut avec Baloo. Le résultat est aussi prévisible que celui d’un enfant face à un gâteau au chocolat. Me voilà donc ensablé comme jamais. Je me débats, creuse, essaie de faire un ponton avec du bois récupéré sur la plage, retire les bagages pour alléger la moto. Rien n’y fait. Deux heures durant je mettrai mon corps à rude épreuve pour me sortir de ce merdier. Et je dois solutionner ce problème au plus vite car la marée est montante. Je décide donc de partir chercher de l’aide dans le plus proche village à 3 km de marche.

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Je commencerai logiquement mes recherches auprès de la police locale qui me fera bien comprendre que « Personne ne s’aventure sur cette plage car nous savons tous que le sable est trop mou. Nous ne pouvons rien faire pour vous ». Ce à quoi je répondrai « Mais quand vous avez des voyageurs comme moi qui ne le savent pas et qui finissent ensablés, que faites-vous ? ». La réponse de l’agent fut sans appel : « Personne ne vient jamais ici, le dernier motard date de plus d’un an ». Honteux de ma situation, j’en sortirai tout de même un peu de fierté dans cette réponse.

Suite en PART 2

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2 commentaires sur “La Carretera Austral – Part 1

  1. Salut, Petite question : Puerto Yungay se situe au Nord de O’Higgins, tu as donc viré Sud pour reprendre la RN7 depuis le début ? Tu as repris le ferry pour Puerto Yungay une deuxieme fois du coup ?
    Toujours concernant l’itinéraire : pourquoi es tu descendu à Ushuaia par la rn40 et pas la 3 qui se situe plus à l’Est.
    Merci pour ta réponse
    Eddy

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    • Salut Eddy. Exactement, Puerto Yungay se situe à environ 100Km au Nord de O’Higgins. Je suis donc allé au Sud pour aller au début de la route avant de refaire demi tour direction Puerto Yungay. Pour ta deuxième question, la route 3 n’offre pas la diversité de la RN40. Très souvent décrite comme une partie longue et ennuyante. Surtout en la comparant à la 40… Descendre par la 40 m’a aussi permit de remonter par la Carretera et donc ne « rien louper ». La 40 pour descendre, la Carretera pour monter. Je te le conseil chaleureusement ! Bon trip !

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