De la BR156 au bord de l’Amazone : Mes premiers kms au Brésil

Il me faut vous avouer que le départ est compliqué. Je suis rempli de doutes, de peurs et d’appréhension. J’ai l’habitude de voyager seul, mais est-ce que je vais supporter la solitude autant de temps ? Est-ce le bon choix ? Vais-je réussir ? J’ai peur de me décevoir, de ne pas réussir mon projet. Par chance, mes précédentes expériences me permettent de comprendre que le premier pas est le plus dur. Une fois sur la route, je sais que toutes mes angoisses feront place à l’excitation. Et cela s’est très vite vérifié. En ce 26 Septembre, à 6 h du matin, je démarre Baloo et prends la route « à la fraîche ». Dès les premiers km, en pleine brume, je repense à toutes mes peurs et me rends compte que finalement, toutes les questions que je me posais ne peuvent trouver leur réponse que dans le fait de partir et me laisser plonger dans cette aventure. Et BIM, le sourire est de retour, la pression (bonne) monte, je me revois encore danser comme un fou derrière le guidon !

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Tout commence à St-George en Guyane avec le passage de la douane française et le fameux pont enfin opérationnel reliant la France au Brésil. Les échanges avec les douaniers sont faciles, simples et efficaces. C’est de l’autre côté de l’Oyapock que tout va commencer à se compliquer.

Je dois préciser que je ne parle pas un seul mot de Portugais. J’avais prétendu apprendre les bases avant mon départ. Mais bon, j’avais aussi prévu d’apprendre le langage des signes il y a 4 ans… C’était peine perdue. Et pour être tout à fait honnête, je crois que j’aime ça aussi. Me retrouver face au mur et devoir improviser, grimacer, mimer chacune de mes envies. Parfois ridicule, j’amuse souvent la galerie et cela permet de briser la glace et de partager de bons moments avec les locaux.

C’est donc une partie de Times’Up qui se joue à la frontière côté Brésilien. Je me fais tamponner le passeport et fais l’importation du véhicule sans trop de difficulté. J’en suis moi-même surpris !

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Les choses sérieuses débuteront 45 km après la frontière ou le tarmac laisse place à la piste de la fameuse BR156. En période de pluie, c’est un sacré bordel. Par chance, je n’ai pas vu une seule goutte d’eau sur ces 140 km de terre rouge au milieu de la jungle. C’est tout de même avec une certaine appréhension que je commence cette étape. Une boule au ventre qui me fait comprendre qu’à compter de ce moment : fini de jouer, l’aventure est là !

Après à peine 2 km, j’arrive trop rapidement à l’approche d’un pont, un gros trou a raison de ma garde au sol et explose le tube que j’avais installé sous le sabot. Je roule dessus, la moto se dandine dans tous les sens et je fais un numéro d’équilibriste, les fers en l’air tout en arrivant sur les planches de bois de ce pont qui semble subir la gravité chaque seconde un peu plus. Si seulement Mr Pinder avait été là pour m’applaudir…  Le tube est question finira sa vie sur le bord de la route, Baloo n’en ayant fait qu’une bouchée. Quant à son contenu, c’est dans mon sac à dos que finiront les démonte-pneus, huile moteur et autres ustensiles, le temps de trouver une solution plus adaptée.

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Hormis cette mésaventure, je prends mon pied ! Malgré de très nombreux trous, la piste est superbe. Etre entouré de cette jungle amazonienne est une offrande pour les yeux et pour le cœur. De temps en temps, je peux observer des villages coupés de toute civilisation où le temps semble ne pas avoir d’effet. Malheureusement, ils me sont interdits d’accès.

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Quelques jours plus tard, j’arrive à Macapa. Ville située au niveau de l’Equateur et au bord du plus grand fleuve du monde : L’Amazone ! J’ai attendu ce moment depuis si longtemps. Pouvoir enfin observer de mes propres yeux l’autorité qui dégage de ce cours d’eau mystique. Et le meilleur dans tout ça ? Je vais avoir l’occasion d’y passer 24 h lors de ma traversée en direction de Belem !

C’est à Macapa que j’ai d’ailleurs mes premiers « vrais » contacts avec les habitants du plus grand pays d’Amérique du Sud. Les hommes sont robustes et les femmes n’ont pas leur langue dans leur poche. Au port, c’est auprès de 3 nanas que je vais acheter mon ticket pour le bateau. Il est 12 h et je ne peux embarquer avant 17 h. Elles m’invitent gentiment à attendre avec elles. Les rires s’enchainent, les blagues raz la ceinture aussi. J’ai d’ailleurs été surnommé « balai dans le cul » pour avoir refusé de passer la nuit avec l’une d’entre elles. Je vous avais bien dit qu’elles n’y allaient pas par quatre chemins.

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A 17 h, on m’informe que le bateau est bien arrivé au port mais qu’il doit être déchargé avant que je puisse y monter avec Baloo. Nous allons donc tous deux attendre bien sagement sur le quai en regardant le flux incessant des porteurs récupérer les marchandises qui viennent d’être acheminées. Riz, farine, blé, œufs, noix, fruits, tout y passe. L’ambiance est bonne et tout le monde travaille dans la bonne humeur sous les yeux d’un garde muni d’une machette digne des plus grands explorateurs. C’est d’ailleurs ce même garde qui est garant de la musique et de la playlist. Je me demande si ce n’est pas de cet homme que s’est inspiré DJ Cut Killer pour son nom de scène…

Les porteurs sont en short, claquettes et transportent des charges dépassant parfois les 600 kg sur leur chariot à deux roues. Ils doivent prendre de l’élan afin de pouvoir passer la pente qui relie le pont flottant à la terre ferme. Très souvent avec succès, mais après quelques heures (et quelques bières), la fatigue se fait ressentir. Par manque de vitesse, le chariot fait marche arrière et emporte tout sur son passage. Je suis, avec Baloo, juste derrière. Ayant eu le temps d’observer ce va et vient, je connais désormais les porteurs les plus « fatigués » et je me porte volontaire pour les aider à passer cet obstacle qui doit leur sembler de plus en plus abrupte. Ce qui aura raison de mon poignet gauche dans un ultime effort.

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C’est finalement à 21h30 que l’on me permet de monter à bord. Deux planches côte à côte, d’environ 2 mètres, relient le quai au bateau. La moto est froide, c’est au starter que l’abordage se fera. J’y suis, j’y vais. Je passe la première et rentre dans le bateau d’une manière assez engagée. La roue avant se lève en arrivant sur le bateau. Ok peut-être un peu trop engagé sur ce coup, Clément…

Le départ du « Ana Beatriz III » est prévu pour le lendemain matin 9 h. J’ai donc tout le temps d’installer mon hamac au 3ème étage pendant que Baloo restera bien sagement tout en bas. Ce soir, je dors sur l’Amazone !

 

10 commentaires sur “De la BR156 au bord de l’Amazone : Mes premiers kms au Brésil

  1. J’ai pris le Ana Beatriz, patron très sympas mais fait gaffe à la salade nettoyer avec l’eau du fleuve … j’ai morfler ! Et la tourista en moto … je te dis pas !
    Bon voyage. Gilbert

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    • Salut Gilbert. Pour éviter tout problème je ne mange jamais de salade :). J’imagine qu’à moto la tourista c’est pas très sympa. Merci et bonne soirée à toi. Clément

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      • En principe … moi non plus ! Mais la, j’ai été distrais et je venais de faire Maceio/Bêlem (3000 kms) en quelques jours par le sertāo intérieur et la moitée sous la pluie … crever ! Je ramenais une moto sur Cayenne durant les congés Pascal et avais donc peu de temps (10 jours en tout).
        Grave erreur, ne jamais se presser en Am. du Sud !
        J’ai fait un stop ou tu es lors de 2 mes 4 voyages de traversée du nordeste. Arrête toi lors de ton passage à Paracuru / Ceara chez Philippe au « Formule1 »
        en bord de plage, il te fera un super steak poivre/crême et possède une pousada.
        Tu peux également téléphoner à mon amis Philippe a Maceio lors de ton passage il est belge motard et brésilien dans l’âme (082-9951-1499 il a WhatsApp). Bon voyage
        Gilbert

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      • Oui j’ai cru comprendre qu’il fallait mieux se la jouer local ici (Tranquille…). C’est noté pour tes deux Philippe que je rencontrerais avec grand plaisir. Surtout si il y a un steak poivre / crème en jeux ! Merci pour les infos

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  2. Bonne route et merci pour ce premier retour. Pour ton tube il a subit ce que je craignais 😉😉

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  3. C’est un bon début Man.
    Au fait, tu dis avoir abordé un pont un peu vite…. Je te rappelle que c’est pas un grand prix. T’as tout ton temps Man. lol
    Bon, c’est sur que mettre du gaz, de temps en temps, ça fait du bien!
    Aller, courage, il te reste encore un peu de km à faire.
    Ciao

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    • Salut Doudou, je devais être à environ 30 ou 40 km/h donc pas si vite que ça mais vu ce qui m’attendais j’ai manqué un peu d’anticipation je dois le reconnaître. Sinon je roule plutôt calme en général. Même si oui de temps en temps, ça fait du bien 🙂 🙂

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